Ce week-end, les jardins seront le théâtre de la chasse aux œufs de Pâques, une tradition que petits et grands se plaisent à perpétuer, sans doute par gourmandise ! Retour sur une fête ancienne donnant lieu autrefois en Bresse à diverses pratiques religieuses mais aussi sociales.
Particulièrement tôt cette année, le jour de Pâques a été fixé depuis l’an 325 et le concile de Nicée comme étant le dimanche suivant la dernière pleine lune de l’équinoxe de printemps. Ce choix consistait à faire coïncider la résurrection du Christ avec celle de la nature, le printemps étant célébré depuis longtemps par de nombreuses fêtes païennes et croyances préchrétiennes honorant le renouveau et la renaissance. La légende sans doute la plus connue est celle de la Grèce ancienne selon laquelle le printemps correspondait au retour sur terre de Perséphone, fille de Déméter, déesse de la terre, enlevée par Hadès, dieu des Enfers : suite à un accord, Perséphone devait partager son temps entre la terre et ses entrailles. Les mois d’hiver symbolisaient ainsi la tristesse et la désolation de la terre devant cette absence et le printemps, le retour de la fille aimée et donc de la vie sur terre.
Pâques est donc une fête mobile du calendrier sur laquelle viennent s’adapter l’Ascension et la Pentecôte, respectivement quarante et cinquante jours plus tard.
Œufs, cloches et lapins de Pâques
En Bresse, il était de tradition de faire bénir des œufs le Jeudi Saint afin d’assurer la protection des poules durant l’année et, pour les jeunes hommes, de « quêter » des œufs de maison en maison afin d’en collecter un nombre suffisant pour célébrer comme il se devait la fin du Carême pendant lequel cet aliment était interdit.
Les plus jeunes recevaient également des œufs qui pouvaient être colorés par une cuisson à l’eau avec des peaux d’oignons. Ils étaient déposés par les cloches à leur retour de Rome où, disait-on, elles avaient passé quelques jours pour y recevoir la bénédiction du Pape : une manière d’expliquer leur arrêt du jeudi au samedi saint, en souvenir de la mort du Christ.
De nos jours, œufs et cloches sont le plus souvent en chocolat, tout comme les lapins, messagers de Pâques dans divers pays comme l’Allemagne et les Etats-Unis. La tradition évoluant, les œufs de Pâques font l’objet de chasses dans les jardins familiaux mais aussi les parcs des villes ou de châteaux et établissements culturels.
L’occasion pour les enfants de chercher sous les pâquerettes, fleurs on ne peut plus communes mais qui tiendraient leur nom du fait que leur floraison abondante débute en cette période.
Une fête gastronomique
Qui dit Pâques, dit aussi agneau et, autrefois, notamment pour les familles les plus aisées, le pâté, confectionné à partir de viande de veau, poulet, porc. Après la longue abstinence du Carême, le repas pascal faisait large place à tous les mets dont on avait été privé durant quarante jours et les festivités duraient parfois jusqu’au lendemain.
Lucien Guillemaut rapporte enfin une vieille tradition, la danse des œufs, en lien avec le mariage de Philibert le Beau et de Marguerite d’Autriche en 1501. Venue en pèlerinage avant de rencontrer le Duc de Savoie, elle aurait participé à des festivités populaires à Bourg, un lundi de Pâques : « (…) Garçons et fillettes s’amusaient ailleurs, commençant les rondeaux avec les musettes, et s’évertuant ensuite au succès de la danse des œufs. La belle Marguerite d’Autriche (…) regardait cette danse du pays, faite au milieu d’œufs éparpillés sur le sable. Si les jeunes gens dansaient sans casser les œufs, ils étaient fiancés, ainsi le voulait la coutume du pays. » À son arrivée, Philibert proposa la danse à Marguerite que l’heureux résultat aurait fait dire : « Adoptons la coutume de Bresse ».
Source : Les mois de l’année, Lucien Guillemaut (1907)
Rédactrice : Adeline Guillemaut