Des pommes, des poires et des … sorbes
Pomme croque de Bresse, reinette grise d’automne, poire schonaille, pomme Marion… Un inventaire à la Prévert aux savoureux noms donnant déjà l’eau à la bouche : ce sont là quelques variétés locales de fruits que les « Croqueurs de pommes » tentent de conserver et faire connaître.
Les « Croqueurs de pommes » est une association nationale regroupant 64 associations locales et 8 200 adhérents dont les activités principales sont la pomologie (la connaissance des variétés fruitières) et l’arboriculture (taille, greffe et soins du verger). En Bresse bourguignonne, c’est la section Jura Bresse présidée par Guillaume Geffroy qui intervient sur différentes communes pour élaborer, conserver et entretenir des vergers comme c’est le cas notamment à Louhans, Branges, Sornay, Frangy-en-Bresse, Frontenaud ou encore Sainte-Croix-en-Bresse.
Pour sensibiliser la population à ce patrimoine naturel spécifique et parfois très local, les bénévoles organisent également des ateliers et formations à la taille, des bourses aux greffons, participent à des évènements locaux et devraient sortir très prochainement un ouvrage recensant et présentant les variétés locales les plus répandues : Variétés fruitières du pays bressan. Ce travail d’inventaire demande connaissance mais aussi patience pour répertorier toutes ces variétés, en découvrir les spécificités et origines.
Rencontres avec quelques variétés locales
La poire coya (ou cueillat) : connu uniquement au sud de la Bresse louhannaise, ce fruit était consommé cuit sous forme de confitures. Autrefois, elle était utilisée pour le vin cuit, sorte de confiture élaborée à partir de pommes et poires et cuite des heures dans un grand chaudron qu’il fallait « vanler » (remuer) à l’aide d’un grand instrument en bois appelé localement « pétouillon » ou « vêlo ».
La pomme Marion : le berceau de cette pomme semble être Frontenaud où elle serait née de la passion d’une famille possédant de nombreuses fermes sur ce secteur et dont un descendant, Raymond Dompmartin, fut pépiniériste durant l’entre-deux-guerres. « Très beaux et bons fruits appréciés par l’équilibre entre acidulé-sucré » disent les connaisseurs.
La pomme reinette grise d’automne : variété de pays très ancienne en Bresse et Val de Saône, son origine est inconnue et l’arbre très rustique. Si sa chair est très fine, juteuse et goûteuse, elle se conserve peu.
La pomme aigre de Varennes-Saint-Sauveur : tout est dit, de son goût à sa localisation. Cette vieille variété locale aux gros et beaux fruits jaunes est très amère jusqu’à sa maturité tardive, en mars-avril.
La pomme croque ; appelée « croque de Bresse » chez nous, elle est dite « croque de l’Ain » plus au sud et constitue la variété la plus connue de notre secteur.
Le sorbier
Si les « Croqueurs de pommes » s’intéressent également aux pruniers, un autre arbre autrefois répandu en Bresse attire leur attention : le sorbier domestique, appelé également cormier. Son fruit, la sorbe, se mange blet et servait de base à une boisson fermentée et rafraîchissante appelée localement « cormée » ou « piquette ».
Le bois du sorbier, d’une densité très élevée, est très apprécié en lutherie mais, en Bresse, il servait à la confection des dents des engrenages des moulins : les « alluchons ». De nombreux outils (rabots, varlopes, trusquins,…) étaient également confectionnés en sorbier ce qui participa à une forte exploitation au 19ème siècle et au fait qu’il soit désormais en voie d’extinction : quelques spécimens sont néanmoins encore visibles à la limite entre la Saône-et-Loire et l’Ain.
Pour en savoir plus : Les croqueurs de pommes
Rédactrice : Adeline Guillemaut