Au cœur des villes, et notamment des quartiers populaires et commerçants, il n’est pas rare de croiser de vieilles enseignes. Peintes sur une façade, suspendues en métal, réalisées en céramique : il suffit parfois de lever les yeux pour profiter de ces témoignages de la vie d’autrefois. En milieu rural aussi, et pas seulement dans les bourgs, il reste de nombreux souvenirs d’activités parfois pas si lointaines : suivez-nous !
Commençons d’abord par les plus « courantes » : les anciennes plaques en tôle émaillée que l’on trouvait communément le long des axes de circulation et dans les bourgs. Certaines ont été relativement bien protégées des affres du temps et ont conservé encore quelques belles couleurs éclatantes. C’était encore le cas, il y a peu, de celle du Chocolat Menier représentant une petite fille écrivant contre un mur : « Evitez les contrefaçons ». Cette dernière a été inspirée en 1892 par Yvonne, la propre fille de Firmin Bouisset, l’illustrateur de cette publicité bien connue qui est également le créateur du petit garçon à la cape rouge et noire du « Petit Lu ».
D’autres sont plus difficiles à lire comme celle de « La Compagnie Singer » vantant ses machines à coudre par le biais d’une femme de profil affairée à son ouvrage que l’on devine ; en bas de l’enseigne, le nom et l’adresse du revendeur local étaient inscrits. A ses côtés, une enseigne Byrrh indique « Recommandé aux familles » : une autre époque lorsque l’on sait qu’il s’agit d’une marque de quinquina (vin additionné de mistelle et aromatisé essentiellement à la quinine) déposée en 1873. Cette publicité est très sobre par rapport aux nombreuses autres que la maison a fait réaliser par des illustrateurs de renom tel que Leonetto Capiello et que l’on voit très souvent sur les cartes postales anciennes ayant immortalisé nos villages il y a un siècle.
Si les murs ont servi de support publicitaire, les arbres aussi, à l’image de ce platane ayant fait corps avec l’annonce d’un point de vente du journal « Le petit Parisien ». Le temps a, ici, fait son œuvre puisque seule une moitié est désormais visible, la totalité de l’inscription étant : « Le petit Parisien. Le plus fort tirage des journaux du monde entier. Le plus complet est partout. En vente ici ». Au détour d’un chemin, c’est un saule qui a commencé son œuvre avec une plaque valorisant l’emblème bressan que l’on servait il y a quelques années dans la ferme-auberge située à proximité.
Les publicités pouvaient aussi être peintes directement sur les murs des commerces et habitations comme c’est le cas avec « Le petit Journal » vantant ses 5 millions de lecteurs. Les publicités peintes étaient autrefois nombreuses et pouvaient être l’œuvre de peintres en lettres dont certains artisans bressans s’étaient fait une spécialité : ils travaillaient à main levée ou à l’aide de pochoirs, directement sur un mur ou sur une plaque de bois et peignaient aussi des objets utilitaires ou des plaques d’immatriculation.
Nous avons déjà eu l’occasion de vous présenter l’enseigne du « Cheval blanc » sous les arcades mais ici et là d’autres réalisations très locales subsistent comme cette discrète bien que grande inscription évoquant le temps des marchés et des transports de voyageurs et marchandises par voie ferrée : « Ecurie et remise ». Ailleurs, c’est un mystérieux « Ici » accompagné d’une main montrant du doigt qui évoque le temps où les commodités du lieu étaient dans la cour…
Aucune de ces enseignes n’est localisée : simplement pour que vous les cherchiez et que vous nous fassiez part de vos propres découvertes qui, nous en sommes certains, seront nombreuses…
Rédactrice : Adeline Guillemaut